
1. La mort des personnages principaux
La mort est un élément central de la littérature en général, et la fantasy ne fait pas exception. Elle est souvent utilisée pour créer des moments forts et souligner la fragilité de la vie telle la mort de Kenji dans les Murmures du Kitsune. Cependant, les personnages principaux bénéficient souvent d’une protection invisible qui les garde hors de danger. Les héros, même face à des périls mortels, s’en sortent souvent indemnes, tandis que les personnages secondaires payent le prix de leur sacrifice.
Prenons l’exemple du cycle du Trône de Fer de George R.R. Martin. Si la série est connue pour sa violence et sa brutalité, les personnages principaux semblent bénéficier d’une immunité contre la mort. Des personnages secondaires importants comme Ned Stark ou Robb Stark meurent de manière tragique, tandis que des personnages principaux comme Jon Snow ou Daenerys Targaryen survivent à des situations périlleuses qui auraient pu leur être fatales.
2. Les relations amoureuses complexes et ambiguës
L’amour est un thème récurrent dans la fantasy, mais il est souvent cantonné à des romances stéréotypées et sans profondeur. Les relations amoureuses entre personnages principaux sont souvent prévisibles et manquent de complexité, souvent basées sur des triangles amoureux ou des clichés du type « prince charmant » et « princesse en détresse ».
Les personnages LGBTQ+, lorsqu’ils sont présents, sont souvent relégués à des rôles secondaires ou stéréotypés. Ils sont rarement au centre d’une histoire d’amour complexe et développée, et leur orientation sexuelle est souvent utilisée comme un élément de caractérisation plutôt que comme un moteur de l’intrigue.
3. Les critiques sociales et politiques
La fantasy offre un cadre idéal pour explorer des thématiques sociales et politiques. Les mondes imaginaires, bien que fictifs, reflètent souvent nos propres réalités et permettent d’aborder des sujets sensibles de manière indirecte.
Cependant, les auteurs de fantasy se montrent souvent timides sur ce terrain. Ils préfèrent se concentrer sur l’aventure et l’évasion plutôt que de s’attaquer à des sujets controversés comme la discrimination, la guerre ou les inégalités sociales.
Certains auteurs, comme Ursula K. Le Guin dans son cycle de Terremer, ou George Orwell dans La Ferme des animaux, ont osé utiliser la fantasy pour critiquer des systèmes politiques ou sociaux. Mais ces exemples sont rares, et la plupart des auteurs préfèrent éviter de s’engager sur ce terrain glissant.
4. Les fins ambiguës et ouvertes
Les lecteurs de fantasy apprécient les récits aux enjeux importants et aux conclusions satisfaisantes. Ils recherchent des histoires avec une fin heureuse et manichéenne, où le bien triomphe toujours du mal.
Les auteurs, pour répondre à cette attente, ont tendance à privilégier les fins closes et prévisibles, où tous les fils narratifs sont résolus et où les personnages obtiennent ce qu’ils méritent.
Les fins ambiguës et ouvertes, qui laissent place à l’interprétation et à la réflexion, sont plus rares. Elles peuvent frustrer certains lecteurs qui recherchent une conclusion claire et définitive.
Cependant, les fins ouvertes peuvent également être très satisfaisantes, car elles permettent au lecteur de continuer à imaginer la suite de l’histoire et de s’approprier l’univers du récit.
5. Les héros imparfaits et antipathiques
Les héros de fantasy sont souvent des figures idéalisées, à la moralité irréprochable et aux motivations nobles. Ils sont courageux, altruistes et toujours prêts à se sacrifier pour le bien.
Cependant, les personnages imparfaits et antipathiques, qui suscitent des émotions plus complexes chez le lecteur, sont rarement mis en avant. Ils sont souvent considérés comme des méchants ou des anti-héros, et leur point de vue est rarement exploré en profondeur.
Certains auteurs, comme Joe Abercrombie dans sa trilogie « La Première Loi », ont osé créer des personnages principaux moralement ambigus et parfois même détestables. Mais ces exemples sont rares, et la plupart des auteurs préfèrent rester dans les conventions du héros « gentil » et du méchant « méchant ».
6. Les systèmes de magie cohérents et bien définis
La magie est un élément essentiel de la fantasy, mais ses règles et ses limites sont souvent floues et mal définies. Elle est souvent utilisée comme un deus ex machina, permettant aux personnages de se sortir de situations difficiles de manière miraculeuse et sans explication rationnelle.
Un système de magie joue comme une musique cohérent et bien défini, avec ses propres règles et limitations, peut rendre l’histoire plus immersive et crédible. Cela permet au lecteur de comprendre comment fonctionne la magie et de mieux anticiper les actions des personnages.
Des auteurs comme Brandon Sanderson ou Patrick Rothfuss ont créé des systèmes de magie complexes et détaillés, avec leurs propres lois et contradictions. Cela permet de donner de la profondeur à l’univers et d’explorer des thématiques intéressantes, comme le rapport entre le pouvoir et la responsabilité.
7. Les mondes secondaires réalistes et crédibles
Les mondes secondaires de la fantasy sont souvent peuplés de créatures étranges et de paysages extraordinaires. Mais pour être vraiment immersifs, ils doivent également être réalistes et crédibles. Cela signifie que leur fonctionnement interne doit être cohérent, que leur histoire et leur culture doivent être développées et que leurs habitants doivent se comporter de manière logique.
Un monde secondaire réaliste et crédible permet au lecteur de s’attacher aux personnages et de se sentir investi dans l’histoire. Il donne l’impression que le monde existe réellement, même s’il est issu de l’imagination de l’auteur.
Des auteurs comme J.R.R. Tolkien ou George R.R. Martin ont créé des mondes secondaires incroyablement détaillés et réalistes, avec leurs propres langues, leurs propres coutumes et leur propre histoire. Cela permet de donner de la profondeur et de la crédibilité à leurs récits.
8. Les récits qui explorent des thèmes universels
La fantasy peut être un simple divertissement, mais elle peut également être un outil puissant pour explorer des thèmes universels tels que l’amour, la mort, la guerre, la justice ou la liberté.
Les récits qui explorent ces thèmes de manière intelligente et nuancée peuvent avoir un impact profond sur le lecteur et l’amener à réfléchir sur sa propre vie et sur le monde qui l’entoure.
Des auteurs comme Ursula K. Le Guin ou Neil Gaiman ont écrit des histoires de fantasy qui explorent des thématiques complexes et importantes. Ces récits ne se contentent pas de divertir, ils invitent également le lecteur à réfléchir et à remettre en question ses propres croyances.
Les conventions et les tabous de la littérature fantasy peuvent sembler restrictifs, mais ils peuvent également être source de créativité et d’innovation. En les brisant de manière intelligente et réfléchie, les auteurs peuvent créer des histoires originales, captivantes et qui font réfléchir.
Alors, la prochaine fois que vous lirez un livre de fantasy, prêtez attention aux conventions qui sont utilisées et à la manière dont l’auteur les exploite ou les transgresse. Vous pourriez être surpris de découvrir de nouvelles perspectives et de nouvelles façons de penser le monde.